Rien n’arrête les SUV, ces 4×4 aux antipodes des enjeux climatiques

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Voitures électriques et hybrides de plus en plus nopbreuses sur les routes, développement de nouvelles formes de mobilité (autopartage, abonnement, location), autant de réponses aux enjeux climatiques. Pourtant, la vente de SUV explose, une situation qui questionne puisqu’elle ne suit en rien les tendances actuelles.

Les SUV ont le vent en poupe

Apparus au début des années 60 aux États-Unis, les SUV représentent aujourd’hui un segment dominant du marché de l’automobile. La demande pour ce type de véhicules explose partout dans le monde.

Au sein de l’Union Européenne, les ventes de SUV représentent 39% des ventes de voitures neuves. Aux États-Unis, ce chiffre atteint même les 50%. En France, la vente de SUV a été multipliée par 7 en dix ans.

Si la progression de leurs ventes se poursuit ainsi, 2 véhicules vendus sur 3 seront des SUV d’ici 2030.

Plusieurs facteurs expliquent cet engouement :

  • Le nombre de modèles disponibles augmente : De 22 modèles en 2006, ce chiffre est passé à 80 en 2015 offrant ainsi davantage de choix aux automobilistes. L’accroissement de l’offre disponible sur le marché permet également de s’adapter à tous les portefeuilles.
  • Les alternatives sont minces : Les monospaces et autres voitures familiales disparaissent peu à peu. Sur 70 nouveaux modèles, la moitié d’entre eux étaient des SUV.
  • La publicité pour les SUV est omniprésente : Ces véhicules représentent 42% des dépenses publicitaires des constructeurs automobiles. Les dépenses publicitaires pour les SUV ont atteint 1,8 milliard d’euros en 2019 sur les 4,3 milliards d’euros dépensés au total. En comparaison, les citadines ont accaparé 1,2 milliard d’euros de publicité sur la même période.
  • La fiabilité des SUV est jugée plus importante : Les SUV sont souvent jugés comme étant plus fiables en termes de sécurité avec leur surélévation et leur look tout-terrain.

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Les SUV, plus chers et plus dangereux que les autres véhicules

Cette frénésie pour les SUV questionne puisque ces véhicules sont tout de même plus coûteux et plus dangereux que les autres berlines et citadines disponibles sur le marché.

Ce n’est pas pour rien que depuis 10 ans le prix d’un véhicule neuf est passé de 20 000 à 27 000 euros en moyenne, soit une hausse de 7 000 euros. Selon le CNPA, la limite de l’acceptation sociale du prix d’un véhicule neuf a été atteinte. Et le SUV n’y est pas étranger.

En termes de coûts, un SUV coûte en moyenne 40% plus cher à l’achat qu’un autre véhicule. A cela s'ajoutent des frais de carburant plus importants puisqu’un SUV consomme 15% de carburant en plus qu’un autre véhicule. De plus, les frais d’assurance et d’entretien sont souvent plus élevés.

Ces véhicules sont souvent plus dangereux. Il est constaté que les SUV sont responsables de 10% d'accidents supplémentaires par rapport à d’autres types de véhicules. Il y a également deux fois plus de risque pour un piéton de se faire tuer en cas de collision avec un SUV.

Une contradiction avec les tendances écologiques actuelles

Ces véhicules sont aux antipodes des enjeux climatiques actuels car leur surélévation et leurs poids les rendent moins aérodynamiques et donc plus polluants. En moyenne, un SUV consomme 10% de carburant de plus qu’une autre voiture.

Les voitures grossissent également de plus en plus. Quand en 1990 le poids moyen d’une voiture était de 904 kg, en 2019 celui-ci était de 1137 kg. Par rapport à une voiture standard, un SUV pèse 200 kg de plus, mesure 25 cm en plus et 10 cm en plus.

L’utilisation d’un SUV entraîne donc une consommation plus conséquente en CO2, environ 20% supplémentaires. Sur les 10 dernières années, les SUV ont représenté la 2ème source des émissions de CO2 en France.

Pour pallier cela, la Convention citoyenne pour le climat a notamment préconisé d’appliquer un malus aux véhicules de plus de 1400 kg. Fin 2020, le gouvernement a appliqué ce malus mais a fixé le seuil à 1800 kg. Une mesure insuffisante puisque seulement quelques modèles très haut de gamme sont concernés. En France, sur les 20 modèles de SUV les plus vendus en 2020, aucun ne se verra appliquer ce malus. Même le modèle le plus lourd d’entre eux, le Tiguan II de Volkswagen, ne dépasse pas le seuil puisqu’il pèse 1750 kg.

Si la vente de ces SUV ne se freine pas d’ici 10 ans, les objectifs visant à réduire la pollution dans les transports seront difficilement atteignables.

Les nouvelles mobilités au service des enjeux climatiques

Pourtant, à l’heure actuelle, d’autres formes de mobilité se développent. Les jeunes générations se tournent vers l’usage plutôt que la propriété.

Selon Marielle MAURE, de l’agence de location voiture à Nantes Europcar, la location et l’autopartage représentent un bon combo alternatif à la propriété. En effet, les jeunes ne sont plus aussi friands que leurs aînés à posséder leur véhicule. Du coup, livrée à domicile ou prise à l’agence, la voiture en location courte durée et en autopartage via marguerite (service de voiture partagée) représentent de nouveaux usages plus en phase avec les enjeux climatiques à venir.

Si le prix du véhicule neuf poursuit sa hausse, du fait de la réglementation qui exige de nouveaux équipements, il y a un vrai risque que la classe moyenne ne puisse plus s’en offrir. Pour les constructeurs, ce n’est donc pas une bonne nouvelle. Pour les loueurs, cela permet sans doute d’imaginer de nouveaux usages où la propriété n’est plus l’alpha et l’oméga du marché. Et, pour l’environnement, cela permet d’anticiper moins de véhicules sur les routes, ce qui n’est pas, là, forcément une mauvaise nouvelle.

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