L’utilisation du cannabis à visée thérapeutique est déjà autorisée dans de nombreux pays. La réglementation en vigueur en France est amenée à changer sur ce sujet. En effet une expérimentation nationale doit débuter durant le premier semestre de cette année. Par la suite, le gouvernement utilisera les résultats de cette expérience pour prendre sa décision quant à la généralisation de l’utilisation du cannabis en tant que traitement médical, ainsi que les modalités de sa prescription. Un espoir pour de nombreux malades qui ne trouvent pas de traitements adaptés à leurs symptômes.
Que dit la législation française aujourd’hui ?
La loi française
Il existe aujourd’hui un flou juridique concernant certaines substances issues du chanvre. Il est en effet reconnu que la commercialisation de tout produit contenant plus de 0,2 % de THC est interdite, étant considéré comme stupéfiant. Le cannabidiol, aussi appelé CBD, une autre molécule issue du chanvre, est quant à lui autorisé sous forme liquide dans les cigarettes électroniques. Ses autres formes ne sont ni interdites, ni autorisées.
Un pas en avant
En décembre 2018, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) autorise, dans le cadre d’une expérimentation nationale, la commercialisation du THC et du CBD sous plusieurs formes (feuilles séchées, huiles, tisanes…). En octobre 2019 l’Assemblée nationale vote pour la réalisation effective de cette expérimentation qui doit débuter au premier semestre 2020.
Quelles différences entre le CBD et le THC ?
Le chanvre possède plus de 500 cannabinoïdes, des molécules ayant toutes des propriétés différentes.
Le THC qui rend « stone »
Le THC est l’une d’entre elles, la plus connue, notamment pour ses effets psychoactifs très recherchés par les fumeurs de cannabis. La personne est relaxée, se sent bien, elle « plane ». Néanmoins le THC peut aussi apporter de l’anxiété voire de la paranoïa. Sa consommation et sa commercialisation sont formellement interdites et répréhensibles.
Le CBD, un myorelaxant
Le CBD est autorisé en certaines circonstances et reconnu pour son effet relaxant sur les muscles. Il n’a aucun effet euphorisant et n’agit pas sur le cerveau contrairement au THC. Sa toxicité semble très faible et il n’est pas addictif. C’est cette molécule qui est la plus intéressante dans le cadre thérapeutique, elle pourra néanmoins être combinée au THC suivant les symptômes à traiter.
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Quelles sont les modalités de l’expérimentation à venir ?
Qui pourra bénéficier d’un traitement à base de cannabis ?
Les patients concernés par l’expérimentation du cannabis thérapeutique seront des personnes en impasse thérapeutique. Cinq cas associés à des pathologies graves sont visés : l’épilepsie sévère, les contractions musculaires dues à la sclérose en plaques ou à d’autres maladies du système nerveux central, les douleurs neuropathiques, les effets secondaires de la chimiothérapie et les soins palliatifs. Environ 3000 malades seraient concernés par l’expérience.
Comment le traitement sera-t-il prescrit ?
Les patients concernés se verront délivrer leur ordonnance dans un centre hospitalier, souvent dans les centres de référence des pathologies concernées. Le médecin prescripteur décidera du rapport CBD/THC à utiliser pour son patient, et de la forme sous laquelle il devra prendre son traitement. Le patient devra tout d’abord se fournir en pharmacie hospitalière, il pourra par la suite se rendre en pharmacie de ville. Les résultats seront suivis par les médecins spécialistes, l’expérimentation devrait durer deux ans.
Qu’en est-il dans les autres pays ?
Au sein de l’Union européenne
La plupart des pays de l’Union européenne autorisent l’utilisation du cannabis dans un cadre thérapeutique. Certains produisent eux-même leur cannabis comme l’Italie ou la Grande Bretagne, tandis que dans d’autres pays les patients ont parfois du mal à s’approvisionner. Les modalités de prescription diffèrent selon les pays. Une simple ordonnance permet de se procurer des médicaments à base de cannabinoïdes en Allemagne ou en Autriche, alors qu’en Suède par exemple, il faut avoir recours à des autorisations spéciales.
A travers le monde
Les précurseurs de l’utilisation du cannabis thérapeutique ont été l’Israël, les Pays-Bas et le Canada. Au sein de ce dernier, certains patients atteints de pathologies graves ont le droit de consommer de la marijuana mais aussi d’en produire. Aujourd’hui de très nombreux pays autorisent l’usage du cannabis à visée thérapeutique. C’est le cas de 33 états des Etats-Unis (la Californie est le dernier en date à l’avoir autorisé), et de six pays d’Amérique du Sud (comme la Colombie ou l’Argentine). De nombreux autres pays, en Asie et au Moyen-Orient, viennent petit à petit à autoriser ces substances thérapeutiques.
Ces traitements plutôt atypiques, et qui font couler beaucoup d’encre aujourd’hui, finiront par être considérés en tant que médicaments au même titre que les autres et amélioreront le confort de très nombreux patients.